Solidarités du cœur de l’Empire

Par Safa Chebbi
Publié le 10 juillet 2024

La mobilisation en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza et pour la libération de la Palestine a connu une nouvelle phase en mai lorsque des campements se sont installés sur le campus de trois universités québécoises, joignant ainsi l’appel lancé un mois plus tôt à l’Université Columbia aux États-Unis. S’il connaît des hauts et des bas, le mouvement conserve sa constance dans les rues de Montréal et demeure dynamique et autonome. Il réclame, entre autres, la fin des investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans près de 90 entreprises qui participent de près ou de loin au génocide et la fermeture immédiate du bureau du Québec à Tel-Aviv. L’auteure nous propose un tour d’horizon de la mobilisation au Québec avec ses spécificités propres. — SB et ES

André Querry, Montréal, 11 novembre 2023

Nationalismes et solidarités

Le mouvement de solidarité avec la Palestine au Québec se distingue par certaines particularités par rapport à d’autres régions du Nord global. Cette spécificité découle en grande partie du parcours historique de son peuple ainsi que de l’importance du mouvement indépendantiste québécois, qui autrefois s’identifiait fortement à la lutte du peuple palestinien et trouvait des échos dans sa propre quête d’indépendance. Cependant, cette solidarité a connu un recul progressif durant les dernières décennies, depuis que l’aile droite du mouvement nationaliste québécois a pris de l’ampleur, transformant le projet indépendantiste en une simple revendication pour une nation capitaliste distincte du bassin à dominance anglophone qui l’entoure.

Il est frappant de constater que dès le lendemain du 7 octobre, tous les partis politiques à tous les niveaux, que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral, se sont empressés de condamner les événements et la Résistance Palestinienne, tout en passant sous silence l’interminable liste de massacres et crimes de l’histoire coloniale d’Israël commis bien avant cette date. Pour la plupart de ces partis, cette réaction fait partie intégrante de leur histoire et de leurs liens étroits avec le sionisme. Cependant, ce qui est particulièrement remarquable, c’est que même les partis se réclamant de la tradition indépendantiste ne se sont pas véritablement distingués des autres.

Cette tradition s’incarne chez les trois principaux partis politiques au Québec : le Parti Québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) au niveau provincial, ainsi que le Bloc québécois (BQ) au niveau fédéral. Il est important de rappeler que ces mêmes partis n’ont pas hésité à manifester leur solidarité envers d’autres mouvements indépendantistes, comme celui des Catalans. En octobre 2023 par exemple, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, a notamment participé à une conférence sur l’indépendance en Catalogne, où il a affirmé que « les nations qui n’ont pas tous les attributs de la souveraineté ont intérêt à se donner, dans une certaine mesure, une voix commune ». Cependant, malheureusement, cette prétendue souveraineté ne s’étend pas à la Palestine.

Le Parti Québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) se sont simplement différenciés des autres partis politiques par leur volonté de condamner, du point de vue légal, les violations du droit international commises de part et d’autre, mais tout en insistant sur une condamnation totale des attaques de la Résistance Palestinienne.

PYM Montréal, Campement à l'Université McGill

Le PQ par exemple a réagi dès le premier jour en condamnant le 7 octobre, avec une déclaration de son porte-parole Paul St-Pierre Plamondon sur le réseau social X : « Le Parti Québécois condamne sans réserve l’attaque terroriste du Hamas contre Israël et sa population civile. La voie de la négociation est la seule voie possible pouvant mener à une paix durable dans la région1 ». Cependant, par la suite, le parti est resté silencieux pendant plus de dix jours avant d’émettre une condamnation de la violence, plus nuancée mais toujours timide, appelant au respect du droit international. Ce discours ressemblait étrangement à celui des libéraux de Trudeau.

Il est toutefois intéressant de revisiter une page de l’histoire du Parti Québécois qui illustre une position antérieure plus engagée dans la question palestinienne. Le PQ a marqué l’histoire en devenant le premier parti politique d’Amérique du Nord à accueillir, lors de son congrès de 1981, des représentants de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), en présence d’une centaine d’invités internationaux. À cette époque, l’OLP était largement qualifiée d’organisation « terroriste » par les États-Unis et d’autres pays occidentaux.

De même, Québec solidaire, considéré comme le parti le plus à gauche dans le paysage politique partisan québécois, a également adopté une position très timide dans sa réaction. Le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois s’est limité le 7 octobre à une « condamnation totale des attaques du Hamas », se cachant derrière un discours prônant une paix abstraite et le respect du droit international. Une autre réaction importante de ce parti est celle d’une députée palestinienne, Ruba Ghazal, qui est également la première élue palestinienne à l’Assemblée nationale. Bien qu’elle se soit précipitée pour condamner le 7 octobre et la mort des civils des deux côtés, elle a également dénoncé « l’apartheid » israélien. Dans d’autres interventions ultérieures, elle a affirmé qu’il ne fallait pas « choisir un camp ou l’autre, mais plutôt choisir le camp de la paix », et à d’autres moments elle a mentionné qu’elle a choisi le « camp des humains ». Cette attitude reflète celle du reste des députés du parti, alimentant ainsi le discours dominant qui dépolitise complètement la question palestinienne et omet de reconnaître le rapport de force inégal entre le colonisateur et le colonisé, et selon lequel la violence des opprimés est mise sur le même pied que celle des oppresseurs. De plus, une telle prise de parole semble être une tentative de déresponsabilisation du parti, en se cachant derrière une « légitimité » d’une première concernée de leur seule représentante palestinienne. Par ailleurs, le parti était tellement hésitant que plusieurs semaines se sont écoulées avant qu’il n’envoie quelques députés participer aux manifestations de solidarité.

Au niveau fédéral, le parti libéral au pouvoir a non seulement soutenu de manière inconditionnelle l’état colonial d’Israël dans toutes ses déclarations depuis le 7 octobre, mais il a également été un complice actif dans le génocide à Gaza. Entre octobre et décembre 2023, le Canada a approuvé des exportations militaires vers Israël d’une valeur de 28,5 millions de dollars. Pour mettre en perspective cette décision, il est important de noter que les exportations militaires canadiennes vers Israël en 2022 s’élevaient à 21,3 millions de dollars, et à 27,8 millions de dollars en 2021. Ces chiffres indiquent une augmentation significative des exportations militaires vers Israël, dépassant même les chiffres2 des trois dernières décennies.

Sachant aussi que depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau en 2015 jusqu’à 2023, les entreprises canadiennes ont exporté pour environ 150 millions de dollars de matériel militaire vers Israël. Ces exportations sont effectuées avec l’approbation de licences d’exportation délivrées par Affaires mondiales Canada, ce qui soulève des préoccupations quant à la responsabilité du gouvernement dans l’alimentation des guerres dans la région.

Montreal4Palestine, 5 novembre 2023

Mouvement de solidarité avec la Palestine à Montréal

Au fil des dernières années, le mouvement de solidarité avec la Palestine au Québec semble s’installer dans une sorte de routine, avec l’organisation d’actions principalement centrées sur la commémoration annuelle d’événements importants de l’histoire palestinienne tels que la Nakba, la Journée de la Terre, la Semaine de l’Apartheid… ou en réaction à des événements spécifiques qui se déroulent directement en Palestine comme les multiples attaques à Gaza ou aussi la plus récente de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est… Certaines autres campagnes politiques ont également émergé en réponse à l’implication du Canada aux côtés de l’état colonial d’Israël, freinant ainsi les efforts du peuple palestinien vers l’autodétermination. Malgré cette opposition, il est important de noter les avancées graduelles réalisées par le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) au fil du temps.

À Montréal, plusieurs groupes continuent à s’engager dans la lutte malgré les défis rencontrés. Parmi les groupes qui s’organisent activement et de manière continue, on peut citer les plus importants par exemple PAJU (Palestiniens et Juifs Unis)3. Fondé au début des années 2000 lors de la seconde intifada, PAJU n’a jamais cessé d’organiser des campagnes politiques alignées sur les actions précédemment mentionnées. Il est surtout reconnu pour ses actions régulières chaque vendredi midi devant le consulat d’Israël, une tradition hebdomadaire qui a poussé le consulat à déménager du square Dorchester en 2008 vers un lieu inaccessible à Westmount Square. De plus, ce groupe contribue dans la diffusion de l’actualité et des avancées de la situation en Palestine, contribuant ainsi à sensibiliser un certain public et à maintenir l’attention sur la question palestinienne. L’histoire de ce groupe remonte en réalité à une amitié entre un Palestinien et un Juif de Montréal, Rezeq Faraj et Bruce Katz, qui étaient également actifs dans d’autres luttes de solidarité syndicale et internationale. Malgré l’ampleur du travail réalisé par le PAJU, ce groupe est resté associé à une certaine génération de gauche progressiste et difficilement accessible pour d’autres générations.
Voix Juives Indépendantes (VJI)4 est un autre groupe important créé en 2007, représentant le plus grand regroupement de juifs antisionistes au Canada, avec une branche active à Montréal. Comme ils se définissent sur leur propre site, il s’agit d’une organisation ancrée dans la tradition juive, active au sein du combat contre l’antisémitisme, et qu’elle se distingue clairement par ses critiques au sionisme et aux politiques israéliennes. Ce groupe effectue un travail essentiel de sensibilisation auprès des communautés juives et au-delà. Il se distingue également par sa présence continue chaque fois que la voix juive est instrumentalisée au profit de l’État colonial d’Israël, offrant ainsi une autre voix juive en solidarité avec la Palestine. Il est à noter que VJI a été la première organisation nationale juive à appuyer la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) lancée et dirigée par des Palestiniens.
Un autre groupe important, se distinguant par son émergence au sein du mouvement étudiant, est SDHPP (Solidarité pour les droits humains des Palestiniennes et Palestiniens). Il joue un rôle influent dans la solidarité avec la Palestine au sein des universités ou cégeps. Présent dans quatre universités majeures de Montréal (UQAM5, Université de Montréal6, Concordia7 et McGill8), il mobilise la force étudiante pour exercer une pression sur leurs propres institutions universitaires concernant leur relation et implication avec Israël. À noter que l’activité de certaines branches peut varier en fonction du niveau de politisation des étudiants de chaque université et de leurs traditions de militantisme et de participation politique. Par exemple, la branche de l’Université de Montréal est restée inactive pendant plusieurs années, mais a été relancée juste quelques semaines avant le 7 octobre grâce aux efforts d’un petit groupe d’étudiants politisé. Et comme nous l’avons suivi, ces groupes ont pris la relève lors du mouvement étudiant des campements lancé aux États-Unis et ont joué un rôle crucial dans la propagation de ce mouvement à travers le reste du Canada.
Encore plus récemment, le Mouvement des Jeunes Palestiniens (PYM)9 a émergé comme un acteur incontournable sur la scène montréalaise d’aujourd’hui. Bien qu’il soit le plus récent, créé en 2021, il se démarque par sa capacité à mobiliser les rues et à exprimer ses revendications sans aucune ambiguïté. Lancée en coordination avec d’autres branches en Amérique du Nord, sa création souligne son caractère transnational et indépendant. Principalement composé de jeunes Palestiniens et arabes, le PYM représente la nouvelle génération dans cette lutte avec une prédominance anglophone qui reflète son lien étroit avec les autres branches du mouvement ailleurs en Amérique du Nord. En tant que voix émergente au sein du mouvement de solidarité avec la Palestine à Montréal, le PYM a apporté une nouvelle dynamique et une énergie renouvelée, renforçant ainsi la mobilisation pour cette lutte.
Montreal4Palestine, 20 mai 2024

Ces groupes ne sont certainement pas les seuls à Montréal, et évidemment ils ne représentent pas l’ensemble des initiatives à Montréal. Il est toujours difficile de dresser un portrait complet de toutes les organisations ou coalitions qui ont milité pour la Palestine. Néanmoins, les groupes mentionnés se sont particulièrement distingués dans l’histoire récente de cette lutte dans la ville.

Depuis le début du génocide, le Mouvement des Jeunes Palestiniens (PYM) s’est rapidement imposé sur le terrain grâce à sa grande capacité de mobilisation et à l’expérience qu’il a accumulée au cours des deux dernières années. Le PYM s’est également distingué par sa réactivité en termes d’organisation logistique, surpassant ainsi d’autres organisations plus anciennes. Dès le 8 octobre, il a organisé une manifestation au centre-ville de la métropole pour exprimer son soutien au peuple palestinien. Cette action a toutefois été vivement critiquée dans les médias, allant jusqu’à attirer l’attention du Premier Ministre Legault, qui s’est déclaré « choqué » de voir des gens célébrer le 7 octobre, qualifiant ces événements de moments tout aussi tragiques.

Face à l’évolution rapide de la situation, tous les autres groupes se sont ralliés à la foule mobilisée chaque fin de semaine, et le PYM a rapidement acquis la légitimité pour diriger cette marche hebdomadaire, qui se poursuit sans relâche depuis le 7 octobre, exigeant non seulement la fin du génocide, mais affirmant qu’elle ne prendra fin que lorsque cette tragédie sera complètement terminée. Les autres groupes ont également été invités à participer à plusieurs marches pour prendre la parole et contribuer à cette mobilisation.

Bien que la participation ait varié au fil des semaines, avec une forte mobilisation notamment lors des premiers mois et un pic remarquable de plus de 100 000 participants en novembre, ce chiffre reste exceptionnel pour une ville comme Montréal, où il est souvent difficile de mobiliser autour d’enjeux internationaux. Il faut remonter à 2003 pour trouver une mobilisation d’une telle ampleur, lorsque la population s’était unie pour s’opposer à la guerre en Irak et exhorter le Canada à ne pas y participer.

Ce contexte a également encouragé d’autres groupes à s’organiser et à entreprendre d’autres actions. Chaque groupe a ainsi marqué sa présence à travers des initiatives complémentaires, capitalisant sur leurs forces respectives et leurs spécificités. Par exemple, les SDHPPs ont joué un rôle fondamental dans la mobilisation au sein des universités, organisant même plusieurs réunions pour coordonner les actions entre les campus. 

La question du 7 octobre et la place de la résistance dans cette lutte ont été des points de discorde abordés avec réserve dans presque tous les groupes. Il a fallu du temps pour que l’importance de la résistance soit partiellement assumée, ce qui a entraîné plusieurs tensions internes et des changements au sein des compositions des groupes au fil des semaines.

André Querry, Montréal, 4 février 2024

Le PYM s’est distingué en affichant ouvertement son soutien au droit du peuple palestinien à la résistance, et il a été le premier à politiser la question de la foi dans la lutte palestinienne à Montréal, la mettant ainsi en avant. Lors des manifestations, c’était la première fois que l’on entendait des appels comme « Allah Akbar », des Douas en arabe lors de la prise de parole des militants ou même des pauses durant les marches pour avoir un moment de prières dans les rues. Ce changement, bien que déjà légèrement présent chez le PYM avant le 7 octobre, s’est affirmé et a pris plus de sens chez les manifestants depuis le début du génocide. Le PYM s’est également démarqué en tant que premier groupe, dont le noyau principal est composé exclusivement de personnes arabes, à avoir mobilisé autant de manifestants dans les rues de Montréal sur cette question.

Le 7 octobre a également entraîné l’émergence de nouveaux groupes, notamment des initiatives telles que le collectif des femmes palestiniennes, Québec 4 Palestine ainsi que d’autres initiatives plus locales dans différents quartiers de Montréal comme Hochelaga pour la Palestine et Outremont 4 Palestine, CDN pour la Palestine, Montréal Nord pour la Palestine et bien d’autres. Ce contexte a mis en évidence la nécessité d’une structure simple et flexible pour prendre des décisions rapidement et agir efficacement dans un contexte d’urgence. Il est apparu que même si les grandes coalitions étaient nécessaires et le restent encore, elles étaient presque paralysées pour une longue période afin de prendre des positions officielles sur le 7 octobre en raison de la difficulté à trouver un consensus sur une position commune.

PYM Montreal, 19 décembre 2023

Lutter du cœur l’Empire

Le 7 octobre dernier a marqué un tournant dans la lutte mondiale pour la libération de la Palestine, déclenchant un avant et un après à la dynamique de solidarité avec la cause palestinienne, tant à Montréal que dans d’autres régions du globe. Cette journée a été significative, ouvrant la voie à une période de mobilisation et d’action renforcée, elle met aussi en évidence l’importance de forger des alliances dépassant les frontières nationales.

Il faut souligner que la solidarité émergente du Nord global revêt une importance particulière en cette lutte. Cette solidarité, du cœur de l’Empire, a le potentiel d’exercer une pression significative sur les gouvernements occidentaux pour mettre fin au génocide perpétré à Gaza et au projet colonial en Palestine. Cette pression peut s’exercer à travers des organisations ou même des groupes représentant certaines communautés ou diasporas, comme en témoigne une récente lettre ouverte10 émise, le 22 février 2024, par une organisation musulmane nationale et plusieurs mosquées influentes à l’égard des membres du Parlement canadien.

À l’approche du Ramadan, ces groupes ont clairement indiqué que les députés ne seraient pas les bienvenus dans les mosquées tant qu’ils n’appelleraient pas à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, ne demanderaient pas le rétablissement du financement de l’agence d’aide de l’ONU, et ne condamneraient pas les « crimes de guerre » commis par Israël. En refusant d’offrir une tribune aux députés qui ne soutiennent pas publiquement ces engagements, ces groupes montrent leur détermination à faire entendre leur voix et à exiger des actions concrètes pour mettre fin à la violence et à l’injustice qui sévissent à Gaza.

Ce texte est une version mise à jour d’une entrevue publiée le 28 février 2024 par le Parti des Indigènes de la république.

Les photos sont d’André Querry, du Palestinian Youth Mouvment de Montréal et de Montreal4Palestine. 

NOTES


1.  Paul St-Pierre Plamondon, X, 7 octobre 2023 : « Le Parti Québécois condamne sans réserve l’attaque terroriste du Hamas contre Israël et sa population civile. La voie de la négociation ».↩

2. Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient. (2024). Réponses aux Questions : embargo sur  les armes à destination d’Israël, 21 mars 2024.↩

3. PAJU (Palestiniens et Juifs Unis). ↩

4. Voix Juives Indépendantes (VJI). ↩

5. SDHPP UQAM. ↩

6. SDHPP UdeM. ↩

7. SDHPP Concordia. ↩

8. SDHPP McGill. ↩

9. Mouvement des Jeunes Palestiniens de Montréal (PYM). ↩

10. Yasmin Hassan, Raffy Boudjikanian, Muslim groups say MPs won’t be welcome in mosques until they call for Gaza ceasefire, CBC News, 22 février 2024. ↩

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