Par Leopoldina Fortunati — Tel est donc le caractère double de la reproduction dans le capitalisme : elle apparaît bien comme création de non-valeur, mais seulement pour l’individu, et non pour le capital pour qui elle est, en réalité, uniquement création de valeur. Autrement dit, le capital ne peut se valoriser qu’en définissant le processus de reproduction comme processus « naturel » et, par conséquent, le travail de repro¬duction comme force naturelle du travail social qui ne lui coûte rien. C’est uniquement en faisant s’opposer, dans l’individu, la capacité de reproduction comme pure valeur d’usage et la capacité de production comme...

Par Mona MALAK — Le 29 avril 2019, un article du média flamand, la VRT, est titré : « Un enfant sur neuf grandit en Belgique dans une famille où personne ne travaille » . Sans devoir lire l’article, nous faisons l’hypothèse que dans ces familles-là, probablement hétéroparentales, il y a au moins une personne qui se charge de s’occuper dudit enfant, de le nourrir, le vêtir, l’envoyer à l’école… Bref, de s’assurer de sa survie. Cette même personne ferait aussi à manger pour les autres membres du ménage, souvent le partenaire, puis ferait la vaisselle avant de s’attaquer au linge sale et...

Par Etienne SIMARD - L’histoire n’est pas linéaire et le développement technologique ne tend pas naturellement vers le progrès. Lorsqu’on parle de révolutions industrielles, on réfère surtout aux moyens à la disposition du capital pour mettre davantage les gens au travail et pour assurer son commandement sur la production et la reproduction sociale. C’est en ce sens qu’il s’agit d’une question politique : les nouvelles technologies, telles qu’elles sont développées, contribuent historiquement à désorganiser la résistance dans les milieux de travail comme dans la vie quotidienne, en augmentant la productivité,...

Par Camille MARCOUX - Le printemps dernier, on commémorait la grève étudiante de 2012, notamment par l’adoption de mandats de grève par plusieurs associations étudiantes et la tenue de différentes actions à travers la province. À cette occasion, un copié-collé des revendications de l’époque était mis de l’avant. Conséquemment, les erreurs du passé étaient répétées : les étudiant·e·s de l’international étaient mis·e·s à l’écart, les profs n’ont pas eu à répondre de leur rôle dans l’école et celle-ci était présentée comme un lieu d’émancipation intellectuelle ou qui pouvait se distancer du marché du travail. Toutes les autres luttes étudiantes...

Par Tekarontakeh Paul DELARONDE — Ce fragment de l’entretien avec Tekarontakeh Paul Delaronde est tiré du livre La Mohawk Warrior Society. Manuel de souveraineté autochtone. Tekarontakeh est un Kanien’kehá:ka du clan du Loup. Cet érudit et gardien de savoirs ancestraux a joué un rôle de premier plan dans la ranimation du feu des Rotihsken’rakéhte’ (guerriers mohawks) au début des années 1970. ...

Par Camille ROBERT — La Coalition avenir Québec (CAQ) a été élue en 2018 sur la base d’un programme qui ne mentionnait nulle part les femmes. Elles étaient invisibles, se fondant indistinctement dans les catégories de la famille, des aînés ou des travailleurs. Les rapports de genre et tous les conflits qui en découlent – inégalités salariales, plafond de verre, violence conjugale – n’existaient pas dans l’imaginaire politique de la CAQ. Ce n’était pas particulièrement étonnant, venant d’un parti campé dans la droite politique, où les candidates se faisaient rares et ne portaient pas nécessairement des valeurs féministes. Les seuls enjeux...

Par Valérie SIMARD — À l'occasion du lancement de Pandemonium: Prolifération des frontières du Capital et déviation pandémique par Angela Mitropoulos dans une traduction par Valérie P. Simard, nous publions la préface de la traductrice. Angela Mitropoulos est une des théoriciennes les plus éclairantes de l'heure. Sa contribution critique à l'évènement pandémique offre une grille d'analyse pour saisir les différents mécanismes en jeu et anticiper les déviations à venir. L'ouvrage de Mitropoulos sera mis en dialogue avec le bilan collectif Traitements-Chocs et Tartelettes à travers les réflexions de Josiane Cossette et de Julien Simard lors du lancement montréalais....

Par Harry CLEAVER — Dans une période où le capital est passé à l'offensive depuis bon nombre d’années, utilisant la dette et les crises financières comme justificatif de l'austérité pour faire pression à la baisse sur les salaires et sur l’accès aux services sociaux, et utilisant le terrorisme comme excuse pour attaquer les libertés civiles, il importe de prendre conscience que cette longue période de crise trouve ses origines dans les luttes menées par des personnes pour libérer leurs vies de la subordination au travail, dans une société organisée comme une gigantesque usine sociale. Dans l'Occident capitaliste que dans l'Est socialiste,...

Par Gwenola RICORDEAU — À l’occasion du passage de Gwenola Ricordeau à Montréal, nous publions la conclusion de l’ouvrage Crimes et Peines : Penser l’abolitionnisme pénal publié aux édition Grévis. Dans Crimes et Peines, Ricordeau revisite des textes majeurs de l’abolitionnisme pénal. Si la pensée abolitionniste est loin d’être nouvelle, elle n’en demeure pas moins marginale et souvent mal-comprise. Au contraire des tentatives de réformes du système carcéral et pénal, notamment via des initiatives de justice réparatrice et de médiation ou des discours « innocentistes » qui critiquent l’incarcération de certaines personnes aux dépends d’autres jugées réellement dangereuses, l’abolitionnisme pénal remet en question les...