La reproduction ne sera pas télédiffusée

Par VALÉRIE SIMARD
Publié le 24 août 2020

Le 12 mars dernier, j’ai quitté l’école sans savoir que je n’y remettrais pas les pieds pour le reste de l’année scolaire. Tandis que le matin le coronavirus semblait encore une menace lointaine, l’inquiétude est allée grandissante à partir du moment où on nous a demandé de rendre compte de nos déplacements durant la semaine de relâche. Je n’ai plus revu mes élèves que derrière l’écran de l’ordinateur. J’ai écrit ce texte par bribes, pendant le confinement. J’essayais alors de donner un sens à ce qui arrivait, j’essayais de comprendre l’anxiété qui m’envahissait, faute de recevoir des consignes claires du ministère. Au sommet de la pandémie, la population confinée prenait la mesure de l’importance des lieux de reproduction de la vie, de l’école au centre de soins longue durée. On prenait aussi la pleine mesure des conséquences de décennies de restructuration et de destruction des services sociaux. Alors que la production se réorganisait sous sa forme télétravail, le travail de reproduction sociale, lui, ne pouvait passer en mode virtuel. Le confinement, la distanciation sociale, les seules mesures mises de l’avant pour limiter la propagation du virus avaient ainsi des conséquences désastreuses pour les personnes les plus vulnérables. En même temps qu’on assistait à une crise sanitaire, on assistait à une crise de la reproduction sociale. — VS

Silvia Castrati, 2010

En attendant un vaccin, la distanciation physique et les mesures de confinement ont été les principales stratégies mises en place pour limiter la propagation du virus SARS-CoV-2 et éviter l’engorgement du système de santé. Le 13 mars dernier, la population s’est ainsi enfermée dans son domicile, désertant les lieux de travail, dont les écoles, les centres de la petite enfance (CPE), les organismes communautaires et leur soupe populaire, les bibliothèques et les centres de jours pour personnes itinérantes. Puis, afin de protéger les populations les plus vulnérables, notamment les personnes âgées, on a interdit les visites dans les hôpitaux et les CHSLD. Dans les foyers, on décorait les fenêtres avec des arcs-en-ciel en répétant « ça va bien aller » à l’unisson avec Legault et Arruda, nos nouvelles coqueluches et figures paternelles.

Mais tout n’allait pas bien. Dans les maisons, les travailleurs, les travailleuses encore plus, peinaient à maintenir la cadence de la productivité en télétravail, tout en s’occupant à temps plein des enfants. Comme d’habitude, la nécessité de préparer la nourriture, de nettoyer et choyer les corps, d’habiller, d’éduquer, d’amuser et de consoler revenait presque entièrement aux femmes confinées. Seulement, elles ne pouvaient plus compter sur le relais pris par le personnel enseignant et éducatif, ce qui en temps « normal », permet à un plus grand nombre d’entre elles de participer à la production. Dans de nombreux cas, les leçons ont été interrompues, vu la difficulté pour le personnel enseignant de créer un environnement d’apprentissage à distance et l’impossibilité pour les parents de s’approprier la matière à enseigner et de la transmettre aux enfants.

Dans les CHSLD, en l’absence des aidant·e·s naturel·le·s, le personnel sous-payé, privé du matériel de protection, épuisé et inquiet, n’arrivait pas à combler les manques créés par l’absence des familles. Il peinait à répondre aux besoins de base des bénéficiaires, encore plus à empêcher la propagation du virus. Un peu moins d’un mois après le début des mesures de confinement, des journalistes levaient le voile sur une hécatombe,1 ce qu’on ira jusqu’à qualifier de géronticide.2 Dans certains établissements, c’est près de la moitié des résidant·e·s qui sont décédé·e·s. À un moment où plus rien n’était « normal », on commençait à prendre la pleine mesure de la tâche de ceux, de celles surtout, qui assurent en temps « normal » le fonctionnement de la société et de l’économie capitaliste.

Pourquoi l’éducation et les soins aux personnes âgées et en perte d’autonomie ont-ils été des maillons faibles dans la gestion de la crise actuelle ? Pourquoi s’est-il avéré presque impossible d’assurer la continuité pédagogique à distance ? Pourquoi les CHSLD, demeurés dans « l’angle mort » du gouvernement au début de la pandémie, sont-ils devenus des mouroirs, exposant une inquiétante tendance eugéniste du gouvernement et de la santé publique ? Une partie de l’explication se trouve dans les théories de la reproduction sociale. Dans un texte publié en 2008 à propos du soin aux personnes âgées,3 Silvia Federici affirmait que le savoir-faire technique ne pouvait pas remplacer le travail de reproduction de la vie. La pandémie de la COVID-19 lui donne raison : l’automatisation et les innovations techniques ne peuvent pas grand-chose face aux inégalités bien présentes dans l’organisation du travail reproductif et à la complexité de la tâche de prendre soin. Les appareils sophistiqués et les logiciels de pointe ne peuvent simplement pas remplacer le personnel soignant ou enseignant.

La crise de la COVID-19 met en évidence qu’il n’est pas possible de technologiser entièrement le travail de reproduction. Elle démontre aussi que lorsqu’on renvoie entièrement le travail reproductif dans la sphère privée en réduisant la part de ce travail socialisée par l’intermédiaire de l’État ou sous-traitée à des aides-domestiques et des nounous dans certains foyers, les femmes ne peuvent plus participer aussi activement à la production capitaliste. Pourtant, l’isolement physique par les mesures de confinement s’est rapidement imposé comme la mesure la plus efficace, voire la seule solution mise de l’avant pour contenir la propagation du virus. Si le travail de reproduction sociale est négligé, si on ne le prend plus en charge, on fait face à une crise de la reproduction. Voyons cela de plus près.

Silvia Castrati, 2010

Bogue dans la machine à enseigner

À la septième semaine de confinement, soit à peine deux semaines après le lancement des plateformes pédagogiques virtuelles par le ministère de l’Éducation, le premier ministre a annoncé la réouverture des écoles primaires.4 Le Québec, qui compte plus de la moitié des cas et des décès au Canada, devenait ainsi la première juridiction en Amérique du Nord à lancer son plan de déconfinement et à rouvrir les écoles. Pendant quelques semaines, pourtant, avant que l’on apprenne que les personnes âgées mourraient massivement dans les CHSLD et les résidences privées, et jusqu’à l’annonce de la réouverture des écoles afin de tester l’hypothèse de l’immunité collective5 la vie pouvait sembler primer sur la productivité. On invitait les familles à prioriser le bien-être des enfants sur les apprentissages scolaires, suggérant que la culture des semis et la cuisson du pain sont aussi riches que l’alphabet et l’algèbre. Les épreuves uniformes étaient annulées tout comme le calcul de la cote R au collégial.6 La consigne apparaissait claire pour le personnel enseignant et les élèves : aucun nouveau contenu ne serait enseigné et les activités pédagogiques proposées ne pourraient intervenir dans la sanction des études. Aussi bien dire que l’année scolaire était terminée.

Du jour au lendemain, pourtant, tout changeait. Sur une base (prétendument) volontaire, les élèves du primaire pourraient retourner sur les bancs d’école, sauf dans la région métropolitaine devenue épicentre de la pandémie mondiale. Les écoles secondaires, elles, ne seraient pas ouvertes avant septembre, ce qui n’empêchait pas le ministre de rappeler avec autorité que la fréquentation scolaire demeure obligatoire et d’affirmer que les élèves pourraient être évalué·e·s, et même échouer, selon leur performance d’ici la fin de l’année scolaire. Ce changement de cap rapide et mal préparé augmentait la pression sur les parents, surtout sur les mères, qui devaient assumer presque seul·e·s la responsabilité de scolariser les enfants.

Jetons un bref regard dans le rétroviseur. Dans les années 1950, B.F. Skinner, psychologue américain, invente la machine à enseigner afin de répondre à certains des problèmes fondamentaux que pose, selon lui, l’enseignement traditionnel. En tête à tête avec sa machine, l’élève pourrait enfin évoluer à son rythme : on pianote sa solution, on tire la manivelle et la machine à enseigner offre une rétroaction immédiate ! En bon béhavioriste, Skinner réduisait l’enseignement et l’apprentissage à une logique de stimuli-réponses : on apprend grâce à la satisfaction de trouver la réponse. Si la machine à enseigner a de quoi faire sourire, le rôle des technologies dans l’enseignement et l’apprentissage, et par ricochet, le rôle de l’enseignant·e, font toujours l’objet de réflexions et de débats. On cherche sans cesse à proposer le bon programme et à implanter la bonne technologie qui rendront finalement l’enseignement (pour ne pas dire l’enseignant·e) efficace. Chaque révolution technologique s’ouvre sur un avenir prometteur : le téléviseur permettrait de rejoindre les communautés reculées et d’offrir du contenu pédagogique dans les foyers des quartiers populaires (le partenariat entre Télé-Québec et le Gouvernement du Québec dans le but de produire ledit contenu durant la période de confinement rappelle d’ailleurs la vocation éducative à l’origine de la société de télédiffusion) ; des millions de dollars sont investis dans l’achat de « tableaux blancs intelligents » (qui ne sont finalement guère plus que de grands écrans tactiles) ; l’actuel ministre de l’Éducation s’est lancé dans la programmation et la robotique, munissant quelques écoles d’imprimantes 3D. Chacune de ces innovations doit, en théorie, actualiser l’école, transformer l’éducation et le rôle de l’enseignant·e, et favoriser le développement des compétences pertinentes à l’actualité économique et professionnelle.

En cette ère du numérique, on aurait donc pu croire que l’implantation de l’enseignement à distance pour respecter les mesures de confinement se serait faite sans heurts. Pourtant, près d’un mois s’est écoulé avant que le ministère de l’Éducation ne déploie un plan afin d’assurer la continuité pédagogique auprès des enfants confinés, qu’il lance une plateforme web qui rassemble des ressources pédagogiques — dont plusieurs étaient déjà accessibles gratuitement en ligne — et qu’il annonce la création des trousses pédagogiques hebdomadaires adaptées à tous les niveaux scolaires. Mais même après l’annonce de la disponibilité de ces ressources pour les parents, le personnel enseignant confiné n’avait toujours pas reçu de consignes à ce sujet et avait encore moins été consulté quant à son rôle et au déploiement de l’école à distance. Surtout, on ne s’était pas assuré de fournir le matériel informatique nécessaire à l’enseignement-apprentissage 2.0.

Au milieu de ce capharnaüm, facile de lancer la pierre au personnel enseignant — trop confortable et conservateur, surprotégé par les syndicats et incapable d’initiative et d’innovation. Aux dires des chroniqueurs libéraux, l’école privée fournissait la preuve que l’enseignement à distance était possible… Pour le réseau public toutefois, le défi s’est avéré de taille. Une grande partie de la population scolaire n’a tout simplement pas accès aux outils technologiques pour accéder à la formation en ligne, particulièrement parmi les groupes marginalisés où se concentre un grand nombre des élèves qui ont des difficultés scolaires. La plupart ne disposent pas même du minimum nécessaire, soit un ordinateur et une connexion Internet.7 D’ailleurs, le système d’éducation ne se gêne pas de ces écarts sociaux : à défaut d’avoir un code permanent, on a tardé à donner accès à la plateforme d’enseignement à distance aux élèves sans papier. Et qu’en est-il des conditions d’apprentissage ? Les élèves ont-ils et elles accès à un espace de travail approprié ? Est-ce qu’un adulte peut les soutenir ? Combien d’enfants d’âge scolaire se trouvent dans le logement ? Quel est le niveau de littératie (numérique) du foyer ?

Bref, les innovations technologiques des cinquante dernières années n’ont pas suffi à relever le défi de l’enseignement à distance. On a beau chercher constamment à innover en éducation, adopter une succession de réformes qui, chacune, peine à dissimuler un profond mépris du travail des enseignant·e·s, l’enseignement ou l’éducation résiste à l’innovation technologique. Bien sûr, les technologies se sont taillées une place à l’école, mais le plus souvent, elles se limitent à remplacer les outils que sont le tableau, la craie et le crayon, et le cahier d’exercices. Ce que les technologies n’arrivent pas à remplacer, et ce n’est pas faute d’avoir essayé, c’est la complexité de la tâche de l’enseignant·e dans sa dimension reproductive, c’est-à-dire cette partie du travail qui concerne la satisfaction des besoins multiples d’un groupe hétérogène d’enfants, dans lequel s’entremêlent des besoins physiques et affectifs. Une grande partie du travail des enseignant·e·s n’est ainsi pas directement liée à la livraison d’un contenu pédagogique. Inutile de s’éterniser sur le malaise enseignant ou la question du désir d’apprendre ; même en se limitant au plus simple, apprendre implique de se mobiliser sur des savoirs. C’est une entreprise difficile sans un soutien et un accompagnement bienveillant et constant, surtout pour les élèves d’âge scolaire. Pour enseigner et apprendre — dans le contexte de l’institution scolaire, bien entendu — il faut du temps et il faut un cadre. Nombreux sont les adultes, jeunes et moins jeunes, qui dans les dernières semaines, en l’absence de l’encadrement qu’offre le bureau, la routine, la pression des pairs et surtout du patron, ont vu leur productivité chuter drastiquement. Imaginez l’ampleur du défi pour des enfants… Malgré toute leur bonne volonté, même dans les foyers les plus privilégiés, les parents n’ont pas pu remplacer l’enseignant·e en plus de répondre aux exigences du télétravail. Placer des enfants devant un écran d’ordinateur avec pour unique soutien des parents mal-outillés, stressés et épuisés, en espérant qu’ils apprennent, ce n’est pas de l’enseignement. Il n’est pas surprenant qu’après plusieurs semaines de ce régime de nombreux parents ont souhaité la réouverture des écoles. 

Silvia Castrati, 2010

Du jour au lendemain, on a enfermé des millions de personnes sans d’abord se demander dans quelles conditions on les enfermait, ni si elles avaient même un endroit où s’enfermer. Cette directive de la santé publique se fondait sur la prémisse que le foyer est un endroit sain et sécuritaire. On évacuait alors la complexité des gardes partagées, dans un contexte où 33 % des enfants au Québec ont des parents séparés,8 la violence et les abus qui sont le lot de millions de femmes et d’enfants,9 la pauvreté et la faim, la réalité des familles monoparentales, du parent qui travaille dans les services essentiels ou qui a un horaire de travail atypique et ne peut tout simplement pas rester chez lui à temps plein pour s’occuper des enfants, encore moins pour faire l’école à la maison. Et quand est venu le temps de justifier la fin du confinement, on a tout à coup brandi les dangers pour la santé qui se cachent derrière les portes closes des foyers.10 Laisser sortir les enfants devenait urgent afin de leur permettre de retrouver une vie « normale », loin de la violence de la maison. Les pédiatres rappelaient que la santé mentale est elle aussi un enjeu de santé publique. L’école représentait ainsi le lieu le plus sécuritaire, d’autant plus que le virus n’était, au fond, pas plus dangereux qu’une vulgaire grippe pour les plus petit·e·s. On omettait alors de mentionner que les élèves ne retrouveraient pas nécessairement leur enseignant·e et leurs camarades de classe, que les repas à faibles coûts ne seraient plus offerts, que l’enseignement ne pourrait plus être adapté aux besoins des élèves HDAA11 et que les services psychosociaux, déjà insuffisants avant la crise seraient annulés. En ce qui concerne les adolescent·e·s, pour lesquel·le·s on ne doute pas que le confinement avec papa-maman est loin d’une sinécure, on ne leur permettrait pas de retrouver leurs camarades de classe avant l’automne. On repassera pour l’argument de la santé mentale…12

Des anges gardiens aux ailes mécaniques

Lorsqu’on a renvoyé tout le monde à la maison, on ne s’est donc pas préoccupé·e de demander aux femmes ce qu’elles en pensaient. On ne s’est pas préoccupé·e de savoir comment elles arriveraient à enseigner et à garder la maison en ordre et les enfants sages, parce que papa doit travailler, tout en répondant aux courriels et en se présentant à l’heure (idéalement coiffées et maquillées) à la réunion Zoom. On ne leur a pas non plus demandé leur avis lorsqu’on leur a interdit de visiter leurs parents vieillissants parce qu’elles risquaient de les infecter. 

Comme pour le soin des enfants, ce sont des femmes qui, le plus souvent, s’occupent de leurs parents vieillissants, notamment dans les centres de soins longue durée. Bien que le gouvernement et la société ont feint l’étonnement lorsque The Montreal Gazette a publié un article accablant rapportant le sort des ainé·e·s à la Résidence Herron — une résidence privée sous-traitée par l’État — la situation critique dans les établissements de soins pour les personnes âgées et en perte d’autonomie était connue depuis longtemps. Au cours des trente dernières années, la détérioration des conditions de soins et de travail dans ces établissements a régulièrement fait les manchettes et les cas les plus inquiétants ont même fait l’objet de rapports par la protection du citoyen. L’actuelle ministre responsable des aîné·e·s est, quant à elle, responsable de ce dossier depuis 2007.

Dans le contexte de la crise actuelle, jusqu’à 40 % des résidant·e·s sont mort·e·s dans certains centres de soins.13 On peut relier le décès d’un certain nombre de ces personnes au coronavirus, mais les causes demeurent incertaines pour plusieurs autres. Dans certains cas, des personnes hébergées, désorientées et accablées par la tristesse, se sont laissées mourir de faim parce qu’elles ne retrouvaient plus de visages familiers à leur chevet. D’autres se sont déshydratées parce qu’il manquait de personnel pour les nourrir et les faire boire. Pour stopper la contamination et surtout les décès, le gouvernement a fait venir l’armée,14 a demandé aux médecins spécialistes et à la population de venir prêter main forte, et a redéployé les ergothérapeutes, les orthophonistes, les psychoéducatrices et les travailleuses sociales dans les centres. Par décret, le ministère de la Santé a suspendu les conventions collectives et annulé les vacances d’été.15 Parce qu’il manquait toujours de bras, les gestionnaires ont refusé des congés de maladie, verrouillé les portes afin de prolonger les quarts de travail,16 transféré du personnel des zones chaudes vers les zones froides et ont réduit la période d’isolement des employé·e·s contaminé·e·s. À la désorganisation du réseau et à l’épuisement des travailleurs et des travailleuses, l’État a répondu avec plus de mépris, et ce n’est pas que les conditions de travail dans le réseau de la santé faisaient rêver avant la crise. Bien au contraire.

Mais les mesures extraordinaires adoptées dans le contexte de la pandémie, en particulier l’interdiction des visites dans les CHSLD, ont achevé de faire dérayer l’appareil. Dans la foulée du virage ambulatoire des années 1990, le système avait confié une partie des soins aux familles qui, lors de leurs visites, déchargeaient les préposé·e·s aux bénéficiaires de certaines tâches. Surtout, elles assuraient cette partie du soin qui ne peut être mécanisée, ce contact humain, cette part de travail affectif qui traverse les tâches liées au soin. Elles assuraient aussi la formulation de demandes pour répondre aux besoins de leur proche en plus d’effectuer une certaine surveillance pour s’assurer du respect de leur dignité. Le milieu de la santé dénonce quant à lui, depuis des années, les successions de réformes et les réorganisations, quels que soient leur nom — Lean, Toyota, Kaizen — et le ministre qui les porte.17 Au gré des restructurations, le travail du personnel soignant a été disséqué, décortiqué et minuté dans le but d’augmenter la productivité et de réduire le gaspillage, c’est-à-dire, évacuer la dimension affective du travail physique. En somme, on a organisé les soins comme une chaîne de montage. Pas plus tard qu’en décembre, des travailleuses dans les CHSLD signalaient l’imposition des plans de contingences, « une liste de soins à ne plus faire ou à ne faire que dans certaines situations ».18 Ces soins à ne pas faire, ce sont les tâches quotidiennes du personnel soignant, des actes qui deviennent cruciaux dans un établissement pour les personnes en perte d’autonomie : des soins d’hygiènes jusqu’au moment de plaisir — les infirmières signataires dénonçaient même devoir justifier un changement de pansement ou la mesure des signes vitaux.

La crise a accentué la relation qui lie les mauvaises conditions de travail aux mauvaises conditions de soins : la surcharge et la désorganisation entraînent des pratiques déshumanisantes. Confronté·e à la tragédie qui se jouait dans les CHSLD, il a bien fallu que l’on s’intéresse au sort des personnes âgées et du personnel qui en prend soin. Il a bien fallu admettre qu’il est inacceptable d’offrir à peine plus que le salaire minimum au personnel à qui on confie nos proches et il n’était plus possible d’ignorer le fait que ce sont des hommes et des femmes le plus souvent racisé·e·s, migrants et migrantes, qui prennent soin de nos parents et de nos grands-parents.19 Des personnes à qui on refuse de réguler le statut d’immigration, à qui on refuse un poste permanent, un horaire régulier et stable et un revenu décent. Employé·e·s par des agences privées qui facturent le gros prix et leur laissent des miettes, on a aussi échoué à garantir leur sécurité pendant la pandémie ; le matériel de protection n’était pas toujours disponible en quantité suffisante et les préposé·e·s n’ont jamais cessé d’être ballotté·e·s d’une résidence à l’autre, malgré le fait que ces transferts contribuent à la propagation du coronavirus. Résultat : plusieurs ont été malades et ont perdu la vie. Les quartiers populaires, lieu de résidence de bon nombre de travailleuses et travailleurs de la santé, sont devenus les secteurs les plus gravement touchés par le virus.20

La technologisation des soins n’en est pas à ses premiers balbutiements. Le concept est né dans les années 1960-70, à l’ère de la conquête spatiale, pour monitorer la santé des astronautes en orbite.21 Aux États-Unis, on tente depuis un moment, avec un succès mitigé, d’implanter la telehealth ou le virtual care, notamment pour rejoindre des communautés reculées ou pour offrir des soins abordables aux personnes qui n’ont pas d’assurance. Mais dans les centres de soins pour les personnes âgées et en perte d’autonomie comme dans le domaine de l’éducation, les nouvelles technologies de soins et de management se sont avérées peu utiles comme solution à la crise. On a bien sûr pu libérer des lits et désengorger les urgences pour les malades de la COVID en interrompant plusieurs interventions médicales et en faisant passer en mode virtuel d’autres types de soins, comme la psychothérapie ou les suivis médicaux de routine.  Cela dit, on peut craindre que l’approche qui s’est imposée en contexte de pandémie et par souci d’économie perdure, et que certains services déjà difficilement accessibles dans le système public demeurent virtuels.

Mais ce ne sont pas tous les soins qui peuvent être transférés sur écran. Il peut s’avérer périlleux, par exemple, de poser un diagnostic sans un examen rigoureux du patient ; on ne peut pratiquer certaines interventions à distance — notamment, l’intubation qui a souvent été nécessaire dans les cas les plus graves de la maladie. Les technologies auraient-elles tout de même pu permettre d’éviter la mort de milliers de personnes âgées et en perte d’autonomie dans les CHSLD ? Déjà bien à l’œuvre dans les établissements de santé et souvent utiles pour le personnel et les patient·e·s, elles ne peuvent se substituer au personnel compétent ni au contact humain pour répondre à l’ensemble des besoins physiques et affectifs des résidant·e·s. Dans les chambres, des aidant·e·s installent parfois des caméras connectées à leur domicile afin de garder un œil sur leurs proches. Or, pendant la crise, en réinitialisant les réseaux informatiques des établissements de soins, on a coupé cette connexion à distance. Et les préposé·e·s étaient souvent trop occupé·e·s pour aider les résidant·e·s à utiliser leur téléphone ou l’ordinateur pour communiquer avec leurs proches. Il y a quelques années, on s’est bien moqué·e de la ministre responsable des ainé·e·s qui vantait les vertus thérapeutiques de peluches mécaniques pour agrémenter les journées dans les centres de soins longue durée. De telles peluches ont sans doute un effet apaisant, mais peuvent difficilement se substituer à la présence, et surtout à la vigilance, de personnes compétentes et bienveillantes. Les peluches mécaniques ne servent pas à grand-chose quand il n’y a pas suffisamment de personnel pour changer les couches souillées ou pour déplacer un·e patient·e alité·e.22

Maintenant, pour comprendre les raisons de la crise dans les CHSLD, le gouvernement a commandé une enquête scientifique et technique. Une équipe de recherche a, quant à elle, reçu une importante subvention pour tester des montres capables de détecter le virus chez les personnes âgées hébergées dans les centres de soins.23 Pourtant, il ne semble faire aucun doute que la crise n’est pas due à l’état des connaissances en matière de soins ni à l’absence de technologies de pointe. Le personnel de santé dans les établissements de soins savait que le virus se répandait, que les résidant·e·s avaient faim et soif, qu’il fallait les changer et que les patient·e·s étaient désorienté·e·s et avaient besoin de réconfort. Le personnel sait très bien et depuis longtemps qu’il ne suffit pas de répondre mécaniquement aux besoins primaires pour protéger l’intégrité des personnes vulnérables. Mais malgré sa résistance aux réformes et aux coupures dans le système de santé et sa résilience à travailler dans des conditions de travail difficiles imposées par souci d’économie, le personnel soignant est devenu « maltraitrant » contre son gré :24 il n’avait tout simplement pas les moyens matériels pour répondre à la crise, il manquait de matériel de protection, et surtout, il manquait de bras.

Silvia Castrati, 2010

Pas le temps d’attendre les robots

L’école recommence.  Le soleil brille encore et les espaces vert montréalais sont parsemés de groupes d’ami·e·s qui picolent joyeusement. Un à un, les commerces ont ouvert leurs portes : au sol, des flèches indiquent le trajet à suivre et la distanciation physique à maintenir entre les client·e·s. On s’habitue à la routine du gel désinfectant à l’entrée et des sourires fatigués des caissières derrière le plexiglass. Dans les vitrines, des mannequins arborent des masques colorés ; ils sont dorénavant obligatoires dans les endroits clos. Les journaux annoncent parfois des éclosions dans les bars ou les camps de jours, mais le rapport quotidien des cas déclarés et des morts est un peu moins accablant. On pourrait presque se convaincre que rien ne s’est passé ou, du moins, que la pandémie est derrière nous. On pourrait croire, comme l’affirment le premier ministre et le directeur général de la Santé publique, que le bilan québécois est excellent — on pourrait même avoir envie de s’en enorgueillir. On pourrait décider d’ignorer que des milliers d’élèves ne se sont jamais présenté·e·s de l’autre côté de l’écran. On pourrait peut-être faire le choix d’oublier que 18 % des cas de COVID et 81 % des morts au Canada se sont produits dans les centres de soins longue durée pour les personnes âgées et en perte d’autonomie.25 On pourrait faire semblant que nous n’avons pas assisté au tri de la population.

La vérité, c’est que le Québec affiche l’un des pires bilans au monde. Récemment, des député·e·s de l’opposition s’indignaient des propos du premier ministre qui s’entête à dresser deux bilans : l’un victorieux, pour la population générale, et l’autre tragique, pour les CHSLD.26 Avec raison, on demandait quel discours il aurait tenu si les foyers d’éclosions et les décès s’étaient multipliés dans les pouponnières. La crise de la COVID a fait tomber les masques : dans une société capitaliste, la valeur accordée à la vie est proportionnelle à celle qu’on peut en extraire. Si on accorde une plus grande valeur aux enfants qu’aux aïeules, ce n’est que parce qu’on entend tirer beaucoup de valeur des premiers et qu’on a déjà extirpé tout ce qu’on pouvait des seconds. À ces deux extrêmes du cycle de vie où se trouvent les personnes parmi les plus vulnérables de la société, on retrouve aussi les femmes qui en prennent soin. Elles sont au cœur des activités de reproduction et de maintien de la vie ; un travail sous-valorisé.

La pandémie a pourtant levé le voile sur l’importance du travail reproductif, notamment les activités de reproduction qui sont déjà socialisées dans les milieux éducatifs et les hôpitaux. Elle a aussi montré que nous sommes collectivement dépendant·e·s d’une organisation déficiente de la reproduction. L’État qui s’est approprié ce champ au nom du supposé bien commun s’est savamment dédié, au cours des 50 dernières années (au moins), à détruire les services publics au profit d’un système néfaste et atomisant, les rendant complètement inaptes à faire face à une pandémie. L’adhésion non négligeable aux théories du complot et les débats houleux autour du port du masque témoignent quant à eux de l’échec du système d’éducation nationale à doter la population d’un minimum de culture scientifique et médicale.

Pour faire face à la réorganisation subite de la vie et aux carences du système, la collectivité s’est rapidement organisée dès le début du confinement. Des actes de solidarité isolés se sont multipliés et on a développé des réseaux d’entraide. Au même moment, au Canada, 1,5 millions de femmes ont perdu leur emploi, dans les deux premiers mois de la pandémie. Les mères monoparentales ont perdu leur emploi dans une proportion qui représente presque le double de celle des hommes dans la même situation.27 Si au début de la pandémie les hommes et les femmes se retrouvaient dans le même bateau, elles sont maintenant beaucoup moins nombreuses à être rappelées au moment de la reprise. Les personnes immigrantes, en particulier celles originaires d’Asie, ont elles aussi subi et continu de ressentir plus sévèrement les conséquences économiques (et le racisme) de la crise sanitaire.28 Plusieurs ménages qui ont perdu une source de revenus risquent d’être incapables de payer les services de garde pour les enfants.29 La réouverture des écoles demeure incertaine et le télétravail est là pour rester dans plusieurs secteurs. Tout semble se mettre en place pour (re)privatiser entièrement le travail reproductif et relancer l’économie sur le dos des femmes.

La capacité d’organisation et la solidarité dont a su faire preuve la population au début du confinement doivent maintenant être mises à profit, non pas pour dédouaner l’État ni pour le soustraire à ses responsabilités, mais pour imposer les conditions d’un retour à une nouvelle normale. Non seulement il faut exiger l’amélioration des conditions de travail dans les secteurs de l’activité reproductive, mais il faut s’approprier ces espaces. Ceux et celles qu’on a appelés les anges gardiens doivent désormais dicter l’organisation du travail. Dans les milieux de soins, ce sont les infirmières, les préposé·e·s, les aide-soignant·e·s, mais aussi le personnel d’entretien et des services alimentaires, qui doivent énoncer les règles et organiser les tâches et le soin. Le personnel enseignant, les concierges, les secrétaires scolaires, les éducateurs et éducatrices, doivent non seulement gérer collectivement et de façon autonome les écoles, mais aussi redéfinir le contenu du curriculum et les approches pédagogiques. L’école devrait permettre d’acquérir des connaissances utiles à une participation pleine et entière à la vie sociale — des savoirs médicaux et scientifiques, entre autres — et plus seulement servir la production capitaliste. Nous avons aussi une responsabilité collective face à toutes les personnes sans statut ou à statut précaire, qui ont non seulement veillé sur les personnes âgées et en perte d’autonomie dans les CHSLD et les hôpitaux, mais ont aussi assurer l’approvisionnement et la distribution des biens pour les personnes confinées. L’équilibre précaire du système défaillant et nécrophage repose depuis toujours sur l’exploitation de ces travailleuses et travailleurs de l’ombre, ici et à l’international. D’aucuns ne peuvent désormais prétendre en ignorer l’existence.

La machine dicte depuis longtemps le rythme du travail. Le travail reproductif n’y échappe pas. Les activités de reproduction de la vie sont décortiquées, disséquées et minutées afin d’établir des listes de tâches standardisées. Si les robots ne remplacent pas encore le personnel soignant et enseignant, on n’attend pas moins de ce dernier qu’il adopte la même cadence et le même détachement mécanique au nom de la productivité. Mais le travail de reproduction de la vie ne peut se réduire à l’automation. Le soin ne peut être complètement dégagé de sa dimension affective sans que cela ne se solde sur des pratiques déshumanisantes et dangereuses. En attendant que l’on dote les robots d’un cœur, il faut dès maintenant transformer l’organisation du travail reproductif afin de réellement le collectiviser et de mettre le travail productif à son service.

Les illustrations sont tirées de l’oeuvre de Silvia Castrati.

NOTES


 

1. Aaron Derfel, « Public health finds bodies, feces at Dorval seniors’ residence source », Montreal Gazette, 11 avril 2020. https://montrealgazette.com/news/local-news/public-health-police-find-bodies-feces-at-dorval-seniors-residence-sources

2. Julien Simard, « Le géronticide, forme extrême de l’âgisme ? », Revue À bâbord, no.83, mars 2020
https://www.ababord.org/Le-gerontocide-forme-extreme-de-l-agisme.

3. Silvia Federici, « de l’accompagnement des personnes âgées et des limites du marxisme », Point zéro : propagation de la révolution. Éditions iXe. 2016. 264 pages.

4. Cable public affairs chanel CPAC, « Le PM du Québec annonce la réouverture de certaines écoles à partir du 11 mai. », 27 avril 2020

5. Le premier ministre s’est depuis publiquement rétracté sur ce point.

6. Marco Fortier, « La cote R annulée pour aplanir les disparités dit Roberge. », Le Devoir, 20 avril 2020 https://www.ledevoir.com/societe/education/577372/la-cote-r-annulee-pour-aplanir-les-disparites-dit-roberge

7. Selon le portrait numérique des foyers québécois publié en 2019 par le CEFRIO, on apprend que seuls 69 % des foyers cumulant un revenu familial inférieur à 20 000 $ possèdent un ordinateur et que 240 000 ménages québécois n’ont toujours pas accès à Internet haute vitesse.

8. Statistique Canada, « Recensement en bref. Portrait de la vie familiale des enfants au Canada en 2016» : https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/as-sa/98-200-x/2016006/98-200-x2016006-fra.cfm

9. Sophie Lewis, «Le virus et la famille», Acta, avril 2020 : https://acta.zone/sophie-lewis-le-virus-et-la-famille/

10. «Retour à l’école : un geste nécessaire, martèlent les pédiatres», Radio-Canada, 23 avril 2020. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1696748/coronavirus-retour-ecole-enfants-pediatres-quebec

11. Élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage

12. Je ne suggère pas que le confinement n’était pas une mesure raisonnable dans les circonstances. Les pédiatres qui énuméraient les effets néfastes du confinement sur la santé mentale des enfants ainsi que des résultats préliminaires d’enquêtes indiquant que les moins de 12 ans n’étaient pas d’importants vecteurs de transmission permettaient de justifier une réouverture précipitée qui ne servait aucune fin pédagogique renvoyant l’école à son rôle de contrôle et de surveillance des enfants. Mathieu Perrault, «  Les enfants moins susceptibles de transmettre le virus. », La Presse, 31 mai 2020. https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-05-31/les-enfants-moins-susceptibles-de-transmettre-le-virus

13. Ariane Lacoursière et Francis Vailles, « Les CHSLD de l’hécatombe », La Presse, 28 juin 2020. https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-06-28/les-chsld-de-l-hecatombe.php

14. À la suite de quoi, l’armée canadienne a publié un rapport détaillé sur les problèmes de gestion de la pandémie rencontrés en CHSLD, notamment dans la mise en place et la surveillance des zones de contamination, dans la disponibilité des équipements de protection et dans le manque de personnel pour que les soins soient assurés. Les rapport est disponible ici : https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/sante/documents/Problemes_de_sante/covid-19/Rapport_FAC/Observation_FAC_CHSLD.pdf?1590587216

15. Annabelle Caillon, « Des travailleurs de la santé réclament le droit à des vacances », Le Devoir, 12 mai 2020. https://www.ledevoir.com/societe/sante/578789/des-travailleurs-de-la-sante-se-mobilisent

16. Alex Boissonneault,  « Portes verrouillées et travail forcé dans un CHSLD de Montréal », Radio-Canada, 13 avril 2020. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1693507/confinement-chsld-montreal-infirmieres

17. Pour lire des analyses sur le sujet produites par des travailleur·se·s de la santé, Groupe STAT http://comitestat.org/

18. Anusree Nath et Françoise Ramel, « Plans de contingen dans les CHSLD, c’est ça, la violence organisationnelle », La Presse, 10 décembre 2019. https://plus.lapresse.ca/screens/42e51475-fb10-4879-8447-e10514834565__7C___0.html?utm_medium=Twitter&utm_campaign=Microsite+Share&utm_content=Screen

19. Mélanie Meloche-Holubowski, « Plus du tiers des aides-soignants et des préposés aux bénéficiaires sont immigrants », Radio-Canada, 22 juin 2020. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1714163/aide-soignant-prepose-beneficiaire-immigrants-minorite-visible-canada

20. Émilie Dubreuil et Romain Schué, « COVID-19 : « C’est un peu hors de contrôle » à Montréal Nord », Radio-Canada, 28 avril 2020. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1698270/coronavirus-cas-montreal-nord-quebec-covid-tests

21. John Seabrook, « The Promise and the peril of virtual health care », The NewYorker, Annals of medicine, June 29, 2020 Issue. https://www.newyorker.com/magazine/2020/06/29/the-promise-and-the-peril-of-virtual-health-care

22. Gabrielle Duchaine et Martin Tremblay, « CHSLD : visite au cœur de la guerre invisible », La Presse, 25 avril 2020. https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-04-25/chsld-visite-au-coeur-de-la-guerre-invisible

23. Philippe Mercure, « Des montres intelligentes pour repérer les malades en CHSLD », La Presse, 12 juin 2020. https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-06-12/des-montres-intelligentes-pour-reperer-les-malades-en-chsld

24. Benoit BB, « Coronavirus, validisme et darwinisme social », Le Poing, 23 mars 2020. https://lepoing.net/coronavirus-validisme-et-darwinisme-social/

25. On COVID-19 Project. linktr.ee/oncovid19

26. Caroline Plante, « Une déclaration de Legault qui ne passe pas auprès de l’opposition », La Presse, 25 juin 2020. https://www.lapresse.ca/covid-19/2020-06-25/une-declaration-de-legault-qui-ne-passe-pas-aupres-de-l-opposition

27. Tara Deschamps, « Women’s participation in labour force reaches lowest level in three decades: RBC », The Canadian Press, The Standard, 16 juillet 2020. https://www.stcatharinesstandard.ca/ts/business/2020/07/16/womens-participation-in-labour-force-reaches-lowest-level-in-three-decades-rbc.html?s=09

28. Statistique Canada, « Répercussions économiques de la COVID-19 chez les groupes de minorité visible. » https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2020001/article/00042-fra.htm

29. Gabriel Friedman, « Women face dim back-to-work prospects amid lack of childcare, stalling Canada’s economic recovery », Financial Post, 24 juillet 2020. https://financialpost.com/news/economy/women-face-dim-back-to-work-prospects-amid-lack-of-childcare-stalling-canadas-economic-recovery