Lorsque les États ont imposé le confinement et la distanciation, fermé les écoles et refusé aux proche-aidant·e·s l’accès aux centres de soins pour personnes âgées, on a secoué l’équilibre précaire de la répartition du travail de reproduction sociale. Ces mesures, si elles se sont avérées efficaces pour limiter la propagation du virus et éviter l’engorgement du réseau de santé, sont pourtant insuffisantes et parfois dangereuses pour les populations les plus vulnérables. Dans le contexte, on peut difficilement se surprendre de la difficulté d’assurer la continuité pédagogique dans les foyers et de la catastrophe humanitaire dans les centres de soins pour ainé·e·s.
La crise sanitaire révèle ainsi une autre crise, celle de la reproduction sociale. Dans la foulée de la crise économique de 2008, dans un essai intitulé «De l’accompagnement des personnes âgées et des limites du marxisme», Silvia Federici pressait déjà la gauche radicale à prendre en charge la question de la vieillesse restée depuis toujours dans son angle mort, dans l’optique notamment «d’empêcher que la réponse apportée à la crise prenne la forme d’un tri aux dépens des personnes âgées».
Quelque dix ans plus tard, alors que cette question est d’autant plus pressante en contexte de crise sanitaire, Valérie Simard, s’entretient avec la militante et théoricienne féministe. Une discussion afin de tirer des leçons de la crise sanitaire qui secoue le monde.
Événement diffusé le 31 mai 2020.