Des entrevues audio de Stefan CHRISTOFF, Colligées par Valérie SIMARD — Free City Radio a documenté la parole des travailleuses et des travailleurs qui se trouvent aux premières lignes afin de faire connaître leurs perspectives. Bien que faisant rarement l’objet des discours des politicien⋅ne⋅s et des médias de masse, les petit⋅e⋅s salarié⋅e⋅s, le plus souvent des personnes immigrantes, se retrouvent aussi au front dans le contexte de la pandémie actuelle. Ce sont les personnes qui travaillent dans les entrepôts, qui se trouvent derrière le comptoir à la boulangerie, qui livrent la pizza, qui tiennent les caisses dans les pharmacies; ces...

Par Adore GOLDMAN — Cette crise nous rappelle ainsi l’importance de reconnaître les revenus des TDS comme un salaire et la nécessité de leur donner accès aux droits du travail, ce qui passe d’abord par la décriminalisation. Dans le contexte où travailler revient à s’exposer à un virus extrêmement contagieux, on voit bien que la seule façon de refuser d’effectuer travail est d’être payé·e pour ne pas le faire....

Lorsque les États ont imposé le confinement et la distanciation, fermé les écoles et refusé aux proche-aidant·e·s l’accès aux centres de soins pour personnes âgées, on a secoué l’équilibre précaire de la répartition du travail de reproduction sociale. Ces mesures, si elles se sont avérées efficaces pour limiter la propagation du virus et éviter l’engorgement du réseau de santé, sont pourtant insuffisantes et parfois dangereuses pour les populations les plus vulnérables. Dans le contexte, on peut difficilement se surprendre de la difficulté d’assurer la continuité pédagogique dans les foyers et de la catastrophe humanitaire dans les centres de soins pour...

Par Annabelle BERTHIAUME et Amélie POIRIER — Dans son livre Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? paru à l’automne 2018, Maud Simonet analyse des activités aujourd’hui hors « du droit du travail et avec peu ou pas de compensation monétaire et de droits sociaux » à partir des apports théoriques de féministes entourant les débats pour la reconnaissance du travail ménager dans les années 1970. Malgré leur apparente disparité, c’est donc le travail gratuit qui constitue le fil rouge des différentes activités observées par Simonet : travail numérique, stage non-rémunéré, service civique, workfare, bénévolat. ...

Par Max HAIVEN — Notre tâche est de prendre revanche au nom de l’avenir de paix, de care, d’abondance, de connexion et de prospérité qui nous est dû, mais que le capitalisme de la vengeance nous nie. Il nous faut également prendre la revanche de celleux qui sont mort·e·s et qui continuent de mourir, lentement ou rapidement, à force de reproduire ce système. Les nouvelles formes de solidarité, d’entraide et de luttes communes qui émergent aujourd’hui, dans le contexte de pandémie, sauront-elles façonner ces luttes de demain pour un monde post-capitaliste ? ...

Par Gary KINSMAN — Comme toute urgence sanitaire, la crise du SIDA mettait/met en confrontation un condensé de réalités et de rapports sociaux. Lorsqu’il est question de santé publique, la question qu’il importe de poser est : de quel « public » parle-t-on et la « santé » de qui souhaite-t-on protéger ? La pandémie actuelle soulève les mêmes enjeux et bien d’autres encore, mais dans un contexte où le capitalisme néolibéral est encore plus avancé dans la destruction du système de santé, de l’assistance sociale et de l’État providence, et a créé une ère de travail précaire dans plusieurs pays....

Une conversation avec la théoricienne Leigh Claire La Berge à propos du concept de travail démarchandisé, qu’elle propose pour penser le travail après la financiarisation. Soulignant l’omniprésence du travail et la disparition des salaires dans notre moment contemporain, La Berge propose une analyse et une périodisation de la relation capital-travail à la lumière de la récente explosion de formes non rémunérées de travail. C’est cette situation, où travailler plus implique d’être payé moins, voire pas du tout, qu’elle souligne par le travail démarchandisé, dont les sites d’emploi combiné et inégal se multiplient, de la télé-réalité à l’exercice de la citoyenneté,...

Par Leigh Claire LA BERGE — Dans la perspective de repenser le marxisme, je voudrais suggérer un retour à la question du travail et, en particulier, à une certaine configuration du travail: le travail démarchandisé. En tant que manière de penser le travail ayant émergé après la financiarisation, le travail démarchandisé renvoie à l’épuisement du même rapport salarial qui continue, malgré tout, à structurer nos vies. La maxime « peiner au travail ou travailler à peine » a besoin d’une nouvelle conjoncture: à l’ère du travail démarchandisé, on se retrouve à peiner au travail et à travailler à peine. Je suggère...