Artiste basée à Montréal, Karine Savard conçoit des affiches de films depuis plus de quinze ans. Son travail d’affichiste a été récompensé à de nombreuses occasions aussi bien au Canada qu’à l’international. En tant que chercheuse, elle développe par ailleurs une réflexion sur des enjeux liés à la transformation du travail, notamment sur son propre statut de travailleuse autonome dans l’industrie culturelle, en détournant par exemple des dispositifs de présentation publicitaire à des fins artistiques. En plus de ses interventions furtives, son travail a été présenté à la Galerie Leonard & Bina Ellen, au Festival Art souterrain, au Centre Diagonale, au Musée d’art de Joliette et à la Galerie R3. Elle a été récipiendaire de plusieurs bourses : Conseil des arts du Canada, Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, Fonds de recherche du Québec – Société et culture, Conseil des arts du Québec.
Par Karine SAVARD —
Offertes au regard des passants, les affiches tapissent des lieux. C’est peut-être ceux-ci qu’il faut interroger. De nombreux bâtiments anciennement industriels sont aujourd’hui occupés par des artistes et des travailleurs de « l’industrie culturelle ». En dépit d’importantes mutations du travail et de la reconfiguration de l’écosystème urbain, ces lieux demeurent historiquement liés à une communauté et à un militantisme dont il pourrait être souhaitable de s’inspirer. Détournées par l’anachronisme de leur fonction promotionnelle habituelle, les affiches que j’ai conçues visent à renouveler les appels à la mobilisation des luttes ouvrières dans le contexte des nouvelles modalités du travail. Le présent texte est en quelque sorte la matière première qui a servi à l’élaboration de ces affiches et se présente comme une réflexion sur les mutations récentes du monde du travail.