Militante décoloniale, anciennement au Parti des Indigènes de la République, et cofondatrice du Front Antiraciste Alsacien. Actuellement étudiante en première année en science politique à l’UQAM, elle est aussi militante et cofondatrice du collectif Pour une dignité politique au Québec. Le collectif: est composé de non-blancs d’horizons politiques différents, mais partageant des valeurs antiracistes, anticolonialistes et anti universalistes. En bref, c’est un collectif décolonial.
Valérie Simard de la revue Ouvrage et Nesrine Tedjini-Baïliche du collectif Pour une dignité politique s’entretiennent avec Gwenola Ricordeau, autrice de «Pour elles toutes: Femmes contre la prison». Car il nous apparaît urgent d’user de tous les outils à notre disposition afin d’abattre les pouvoirs les plus criminels de l’État colonial, il nous semble indispensable de penser l’abolitionnisme pénal et non seulement carcéral, ensemble.
Par Nesrine TEDJINI-BAÏLICHE —
Me voilà à ma seconde immigration, cette fois avec un visa précaire. Je pensais l’université québécoise plus ouverte que la française, mais j’y découvre une institution blanche et coloniale. Le terrain est abrupt, violent. C’est bien évidemment un terrain de lutte avec des règles bien précises, qu’on ne maitrise pas d’avance. Un jour sur deux, l’envie d’abandonner les études me taraude, car rares sont les enseignant·e·s qui prennent compte du récit de l’opprimé dans le cadre des récits nationaux. Rares sont ceux et celles qui prennent en compte les oppressions raciales dans leur analyse, et rares aussi sont ceux et celles qui gardent leur rigueur scientifique lorsqu’ils pensent d’autres territoires que l’occident. En d’autres termes : la qualité de l’enseignement est majoritairement exclusive.