Ayant accumulé au cours de son baccalauréat en sociologie les contrats de travail et les emplois à temps partiel dans divers domaines, Éloi Halloran est maintenant enseignant suppléant. Il s’est impliqué dans la campagne pour la rémunération des stages en Outaouais et à Montréal et fait partie du comité de rédaction de la revue Ouvrage.
Par Collectif Un salaire pour toustes les stagiaires —
Ce n’est pas une pandémie qui aura fait cesser le travail gratuit. Les stagiaires ont continué de pallier le manque criant de personnel en éducation, en santé, en services sociaux et dans le communautaire, lorsqu’ils et elles ne travaillaient pas comme étudiants et étudiantes, à se former pour faire le travail qu’ils et elles, au fond, faisaient déjà. L’école et les milieux de stage ont prolongé l’horizon sans fin de travail gratuit des membres de la communauté étudiante, qui n’avaient toujours pas la moindre emprise sur leurs conditions d’études, de stages et de vie, finalement.
Par Éloi HALLORAN et Camille TREMBLAY-FOURNIER —
Dans le contexte de pandémie, les structures physiques de l’éducation postsecondaire sont plus ou moins complètement remplacées par des structures numériques. Bien que cette tendance précède le contexte actuel, la mise en ligne de l’éducation postsecondaire repose maintenant presque exclusivement sur le domicile étudiant comme nouvel espace de travail. Le numérique passe ainsi d’une médiation du travail étudiant entre l’école et la maison à sa domiciliation presque complète. Tout cela est médié par leurs connexions Wi-Fi, que les étudiant·e·s partagent bien souvent avec leur famille ou leurs colocataires, comme iels partageaient autrefois les chemins menant à leurs salles de classe. L’imposition du domicile comme milieu de travail devient la condition sine qua non de la mise en ligne de l’éducation postsecondaire. Étudier en ligne, c’est travailler à la maison.
Une conversation avec la théoricienne Leigh Claire La Berge à propos du concept de travail démarchandisé, qu’elle propose pour penser le travail après la financiarisation. Soulignant l’omniprésence du travail et la disparition des salaires dans notre moment contemporain, La Berge propose une analyse et une périodisation de la relation capital-travail à la lumière de la récente explosion de formes non rémunérées de travail. C’est cette situation, où travailler plus implique d’être payé moins, voire pas du tout, qu’elle souligne par le travail démarchandisé, dont les sites d’emploi combiné et inégal se multiplient, de la télé-réalité à l’exercice de la citoyenneté, en passant par l’école.