20 Avr « On s’arrête toutes, on arrête tout, on arrête partout ! » : Retour sur la grève des femmes* 2020 en Belgique
Une entrevue avec CHARLOTTE, MARIE et MONA du Collecti·e·f 8 maars
Par ANNABELLE BERTHIAUME
Publié le 20 avril 2020
1. Cette année, le Collecti·e·f 8 maars a lancé son deuxième appel à la grève des femmes. Quelle est l'origine de cet appel et qui est regroupé dans ce collectif ?
Le Collecti·e·f commence à se mettre en place en juin 2018. Au départ, c’est plutôt un groupe de copines militantes qui commence à rêver d’une grève des femmes* en Belgique. C’est un pari ambitieux étant donné qu’à ce moment-là, en Belgique, il n’existe pas de mouvement féministe de grande ampleur. De la même façon, rien de très intéressant n’est organisé pour le 8 mars, seules des manifestations peu combatives et un peu institutionnelles sont proposées. Les dernières mobilisations que nous avons organisées pour le 8 mars datent de 2015-2016 : des manifestations non-mixtes, sans mobilisation large, 200 personnes au maximum toutes issues de la gauche radicale.
Toutefois, inspirées et renforcées des mouvements espagnols et sud-américains, nous avons l’intime conviction que la mise en place de ce mouvement de grève est nécessaire. Petit à petit, par bouche à oreille, un mouvement se met en place et rapidement on décide de lancer un processus d’assemblées générales (AG) ouvertes à toutes. L’objectif de ces AG est clair : préparer une grève des femmes* le 8 mars 2019 en Belgique. En octobre 2018, lors de la première AG qui réunit plus d’une centaine d’intéressées, le Collecti·e·f prend forme. S’entame alors un long processus riche en rencontres, réflexions et actions qui débouchera sur une journée de mobilisation historique le 8 mars 2019.
Au sein du mouvement, on retrouve des femmes* de tous horizons, des personnes déjà militantes, mais ce fut aussi l’occasion pour d’autres d’entamer une activité politique. Le Collecti·e·f est indépendant des partis et syndicats. Nous voulons être indépendantes de toute structure institutionnelle et nous ne sommes pas une plateforme d’associations. Cependant, notre objectif est que l’outil de la grève soit approprié par celles-ci.
2. Quels sont les liens entre la grève des femmes* en Belgique et le mouvement de grève à l’international ?
Le Collecti·e·f et la grève du 8 mars s’inscrivent dans la 4e vague féministe. Celle-ci, née des grèves en Amérique latine, et renforcée par le mouvement #MeToo, fait écho partout dans le monde. Le premier appel à la grève est lancé en 2017 par Ni Una Menos en Argentine, et est repris dans de nombreux de pays à travers le monde. C’est dans le but de, nous aussi, répondre à cet appel que le Collecti·e·f 8 maars a été créé.
On s’inspire beaucoup des expériences à l’international, et on reprend beaucoup de choses qui viennent d’autres mouvements. D’un point de vue plus individuel, nous avons personnellement rencontré plusieurs autres mouvements : on a été à Genève à une rencontre européenne, Charlotte s’est rendue avec une autre camarade en Allemagne et des Argentines de Ni Una Menos sont venues à Bruxelles. Mais plus encore, ceux-ci nous permettent de nous renforcer. En Belgique, même si petit à petit on mobilise de plus en plus de femmes*, la grève n’est pas encore massive et c’est, entre autres, les expériences à l’étranger qui légitiment notre appel. De cette façon, on n’a pas l’air d’être des illuminées complètes mais nous répondons et rejoignons un mouvement international.
Dans l’organisation concrète, nous sommes un collectif avec une dimension internationale car de nombreuses membres de celui-ci ne sont pas d’origine belge. Au sein du Collecti·e·f (et surtout dans la section bruxelloise, Bruxelles étant une ville cosmopolite), se croisent des femmes* notamment d’Italie, d’Espagne et d’Amérique du Sud. Cela nous permet de démultiplier les points de vue et de pratiquer un internationalisme concret, sur le terrain.
3. Le point médian dans votre nom (néerlandais et français) reflète d'ailleurs votre volonté d'être un collectif décentralisé à travers la Belgique. Pouvez-vous nous parler un peu plus de comment vous vous êtes organisées et pourquoi ?
La première assemblée générale a fondé le Collecti·e·f et a adopté une structure de fonctionnement avec deux niveaux. Au niveau national, des assemblées générales sont organisées au départ tous les mois, elles sont ouvertes à toute femme* qui veut construire la grève. Ces AG mandatent des commissions qui traitent de questions principalement exécutives au niveau national (finances, relations avec les syndicats, communications, etc.). Au niveau local ou sectoriel, on retrouve des groupes de mobilisation autonomes dans l’organisation de la grève dans leur ville ou leur lieu de travail. Régulièrement, des réunions de coordination sont organisées réunissant une membre de chaque commission et de chaque groupe local pour échanger des informations, faire le suivi exécutif entre les AG et organiser celles-ci.
Ce mode de fonctionnement, horizontal et décentralisé, a des forces et des faiblesses. À l’opposé de dynamiques affinitaires ou institutionnelles, il permet à n’importe quelle femme* de rejoindre l’organisation et à chaque groupe local de s’approprier la grève. Toutefois, le fonctionnement par assemblée a pu rendre la prise de décision fastidieuse, ralentissant à certains moments la mobilisation pour la grève.
Pour cette deuxième année du Collecti·e·f, on a accentué la décentralisation. Cette décentralisation est inspirée d’autres mouvements féministes (chez les Suisses, les Italiennes et les Espagnoles). Maintenant, on s’organise surtout par groupe autonome. Il existe toujours des moments nationaux, mais ceux-ci ne sont plus prédominants. Si les assemblées nationales sont plus rares, les groupes autonomes continuent tout de même à travailler ensemble lors des réunions de coordination nationale. Avec la décentralisation, de nouvelles questions se sont posées notamment en ce qui concerne le travail autour des revendications : est-ce pertinent d’approfondir des revendications en AG ou est-ce qu’il faut laisser ce travail-là aux groupes autonomes ? C’est plutôt la seconde proposition qui a été retenue, dans la mesure où les groupes conservaient un accord de principe avec les revendications déjà votées par l’Assemblée. Ce mode d’organisation permet aussi à chaque groupe de mobilisation de plus grandes possibilités. Selon les besoins et les réalités des secteurs et localités, les groupes décident de comment mobiliser et de quelles actions mener.
Enfin, en ce qui concerne le point médian, c’est effectivement dans une volonté d’être un mouvement à l’échelle nationale et non pas uniquement actif à Bruxelles, majoritairement francophone… C’était difficile de dépasser les barrières de la langue pour entrer en contact et donc nouer des relations de camaraderie avec les féministes néerlandophones. Malgré le fait qu’on y arrive mieux aujourd’hui, la population néerlandophone demeure moins nombreuse surtout au sein des commissions nationales.
La Belgique est un pays bilingue donc ça pose de facto la question de la traduction, que ce soit dans nos textes ou lors de nos assemblées. On réfléchit à introduire la traduction simultanée à toutes nos AG mais ce n’est pas évident. On a réussi à le faire une fois lors d’une assemblée à Anvers et il y avait beaucoup de soucis logistiques. Par ailleurs, la traduction est un métier et il se pose alors la question de la rémunération. Est-ce qu’on veut que ce soit des professionnelles sans lien avec le collectif ou des militantes qui travaillent dans l’interprétariat ? Il y a aussi la question du coût du matériel qui se pose… Une autre question importante concerne la hiérarchisation du travail au sein du Collecti·e·f : on est toutes bénévoles, est-il pertinent de définir des tâches qui devraient être payées et d’autres qui pourraient être faites gratuitement ?
4. Et quelles sont les revendications que vous avez développées au sein de votre groupe ?
Nos revendications ont été formulées et votées collectivement, lors des AG et avec l’aide de la commission « revendications » qui a coordonné le tout. Il a fallu déterminer, dans un premier temps, si on voulait des revendications très spécifiques ou générales, voire pas de revendications du tout mis à part le consensus de se mettre en grève le 8 mars. Finalement, on a voté une série de revendications en vue du 8 mars 2019, qu’on a maintenu pour l’édition de 2020. Elles sont groupées par thème (travail, frontières, corps et sexualités, écologie, et violences), et sont pour la plupart assez larges pour être approfondies, tout en définissant un cadre restreint et une vision de la lutte féministe qu’on a voulu mettre en avant, qui est celle d’un féminisme révolutionnaire et inclusif se démarquant clairement du féminisme libéral. On se positionne par exemple contre la précarité économique, les politiques migratoires racistes, en faveur d’une meilleure sécurité sociale, etc.
Concernant les revendications un peu plus ciblées, on retrouve entre autres, la rémunération des stages, l’augmentation des congés parentaux, la régularisation de toutes les personnes sans-papiers et la fermeture des centres fermés, l’avortement gratuit et accessible, des services de santé publique accessible pour tout·e·s, une éducation laïque et non-sexiste, etc. Le but c’est que les différents groupes de mobilisation s’emparent de ces revendications et les « personnalisent » pour qu’elles collent aux différentes réalités spécifiques.
Par ailleurs, les quatre axes de la grève (grève du travail rémunéré, grève du soin aux autres, grève de la consommation et grève étudiante) permettent d’aboutir à une grève totale, c’est-à-dire un arrêt des femmes* dans toutes les sphères de la vie, productive et reproductive, afin de montrer le rôle primordial qu’elles jouent dans la société. Ces axes permettent également de visibiliser l’éventail du travail gratuit qui est réalisé par les femmes*, notamment dans le foyer et aux études, mais aussi le travail rémunéré mais sous-valorisé, réalisé majoritairement par les femmes* dans les domaines du soin aux autres, qui constitue une continuité du travail domestique. Elles ne sont pas figées et poussent aussi à la créativité lorsqu’il n’est pas possible de se mettre en grève, dans le sens classique du terme.
5. Cette année, vous avez appelé à la grève les 8 et 9 mars, pourquoi ?
Nous avons lancé un appel de deux jours pour permettre à toutes les femmes* de Belgique de participer. On est bien conscientes de la réalité du travail du dimanche et du travail domestique, mais pour toucher toutes les salariées et les étudiantes, il fallait appeler à un jour supplémentaire, le lundi. Ça nous permettait également d’aborder les 4 axes de la grève qui sont : le travail domestique, le travail salarié, le travail de formation et la consommation.
C’était aussi pour aller plus loin, pour se distinguer des initiatives habituelles autour du 8 mars (manifestation, événements associatifs, conférences, etc.) et donner une dimension plus offensive à cette journée. C’est un peu dire que ce n’est pas la date symbolique (le 8 mars) qui compte en soi mais l’action de grève. On voulait aussi se dépasser par rapport à l’année dernière… Même si ça représentait beaucoup de travail de mobilisation, et que ça pose des questions pour la grève de l’année prochaine. Le 8 mars 2021 tombe un lundi, est-ce qu’on revient sur une seule journée ou on va sur plusieurs jours de grève ?
Cette année, plusieurs centaines de femmes* ont répondu à l’appel et il y a eu plusieurs piquets, notamment à Bruxelles. Après, c’est difficile d’avoir des chiffres précis.
Le dimanche a été une journée un peu éprouvante ; beaucoup de travail et d’organisation, du stress, de la pluie, des ennuis avec la police… Beaucoup d’éléments qui peuvent être un peu décourageants. Au contraire, le lundi à l’ULB (Université libre de Bruxelles), on était sur notre lieu de travail et d’études ; un environnement plus familier. On a réussi à mettre en place un piquet de grève filtrant (ndlr : «symbolique», au sens où les gens peuvent traverser les piquets de grève) où beaucoup de travailleuses et étudiantes nous ont rejoint. On a fait des descentes d’auditoires pour essayer de lever des cours et, à chaque fois, il y avait des nouvelles personnes qui décidaient de nous rejoindre alors qu’elles n’avaient pas forcément entendu parler du mouvement au préalable. C’est super motivant de voir de nouvelles têtes dans de telles mobilisations. Au piquet régnait une bonne ambiance et surtout une détermination qui redonnaient un peu plus d’énergie à la lutte. C’était vraiment nécessaire et motivant et puis ça nous a aussi donné envie de nous y remettre au plus vite !
6. Qu'est-ce qui s'est passé durant ces journées de grève ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Le mot d’ordre pour ces deux journées de grève c’était : « on s’arrête toutes, on arrête tout, on arrête partout ».
Le dimanche 8 mars, dès 10h, le Collecti·e·f 8 maars appelait à un rassemblement à Bruxelles. Plusieurs groupes de mobilisation non-bruxellois ont organisé des départs groupés afin de venir nous rejoindre. En matinée, diverses activités étaient proposées : des assemblées thématiques (ex : luttes LGBTQIA+, racisme, travail des femmes avec et sans papiers, mouvement de la Santé en Lutte, femmes* sans papier, préparation d’une action avec d’autres mouvements féministes à l’international, …), des concerts, une chorale féministe, un DJ set mais aussi la performance « Un violador en tu camino ». À 14h, on a rejoint la manifestation nationale appelée par la Marche Mondiale des Femmes à Bruxelles. Il est important de rappeler qu’il existe en Belgique, depuis le mouvement des gilets jaunes, un contexte d’aggravation de la répression policière lors des mobilisations sociales. Cette mobilisation n’y a pas échappé, la police a, entre autres, violemment agressé deux membres du Collecti·e·f. Bien qu’après la manifestation, tout le monde ne parlait que des abus policiers, la journée s’est terminée positivement avec des prises de parole et de la musique.
À côté de ces activités au sein de la capitale, d’autres groupe de mobilisation avaient organisé des rassemblements et manifestations dans leur ville (Anvers, Gand ainsi que Namur). À Liège, par exemple, le Collecti·e·f a organisé une action de « die-in » pour dénoncer les violences faites aux femmes* le samedi 7 mars.
La journée du lundi 9 mars s’est plus organisée autour de piquets de grève dans plusieurs villes et régions de Belgique. À Bruxelles, le 8 Maars Tour Bus accueillait les femmes*, dès 9h, pour faire un tour en bus de plusieurs piquets de grève. Elles ont entre autres rencontré des étudiantes, des travailleuses de l’horeca (secteur d’activités de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés), des avocates et des travailleuses du secteur culturel.
7. Comment se sont positionnées les syndicats par rapport au mouvement de grève ? Avez-vous eu des appuis ? Des résistances ?
Il y a eu un travail en interne avec les syndicats, on a essayé de trouver un équilibre entre le maintien de notre autonomie et une collaboration avec eux. Pour essayer de discuter et trouver des terrains d’entente, une commission mobilisation/syndicats a été mise sur pied au sein du Collecti·e·f. En soi, on appelle à la grève, mais une grève qui reçoit un appui syndical en Belgique c’est vachement plus pratique! Pour contextualiser, une grande partie de la population belge est syndiquée puisque certains services de la sécurité sociale peuvent être gérés par les syndicats, comme l’allocation chômage. On est donc dans une situation où il faut composer avec un grand taux d’affiliation, à savoir 54 % de la population. C’est parmi les plus élevés en Europe. À titre de comparaison, le taux d’affiliation en France est de seulement 7 %. Mais contrairement à la France, où le fait d’être syndiqué·e peut révéler un certain positionnement politique, ici c’est plus compliqué de déterminer si tou·te·s ces syndiqué·e·s sont des militant·e·s. On peut parler d’une certaine institutionnalisation du mouvement syndical.
Il n’empêche qu’être syndiqué·e donne droit à une indemnité de grève. Cette année, la Fédération Générale du Travail de Belgique1 (FGTB) a donné un préavis de deux jours, c’est à dire la possibilité à ses affilié·e·s de tous les secteurs de faire grève et d’être indemnisé·e. La Centrale nationale des employé·e·s de la Confédération des Syndicats Chrétiens de Belgique (CSC) a, quant à elle, donné la possibilité de demander un préavis par secteur. Tout le monde n’a pas forcément répondu à l’appel, mais travailler avec les syndicats et ne pas les voir comme des opposant·e·s permet aussi de faciliter la mobilisation d’une certaine manière. Après, c’est évident que s’il n’y a pas de travail de terrain, ce n’est pas un préavis qui va faire que les gens se mettent en grève : couvrir n’est pas mobiliser ! On doit encore beaucoup réfléchir à comment dépasser le stade de grève symbolique pour arriver à des grèves revendicatives, où on gagne. On aurait pu bloquer une grande partie de la production (et de la reproduction) en Belgique si toutes les personnes qui avaient droit à une indemnisation s’étaient mises en grève les 8 et le 9…
La collaboration avec les syndicats est rendue compliquée par la méfiance de certaines militantes du Collecti·e·f envers ces structures et réciproquement. Les syndicats sont parfois vus comme des organisations bureaucratiques de cogestion ayant trahi les mouvements sociaux et ne défendant pas les questions féministes (en très rapide) ; de l’autre côté, les militantes du Collecti·e·f ont pu être perçues comme des donneuses de leçons, marchant sur les plates-bandes de l’action syndicale, sans en saisir les réalités. Par rapport à ça, il est important de dire que si beaucoup de discours sur les syndicats les présentent comme des blocs monolithiques, il s’agit de structures qui regroupent un nombre très important d’affilié·e·s, délégué·e·s, et permanent·e·s, comme on a expliqué plus haut, il y a donc évidemment en leur sein des divergences politiques fortes notamment quant à la stratégie de la grève des femmes. On a pu constater que notre appel a permis de rendre plus légitime le travail de certaines syndicalistes pour mettre de l’avant des revendications féministes au sein des syndicats. Elles ne restent toutefois pas suffisamment écoutées par la hiérarchie syndicale et ça s’est traduit dans un manque de mobilisation large au sein des syndicats (information peu diffusée en interne, etc.). Or, nous n’avons pas des réseaux et des capacités de mobilisation comparables à ceux des syndicats, ce qui en fait de leur adhésion un levier stratégique pour une grève d’ampleur. Une pression depuis la base sera à notre sens, le seul élément qui pourrait convaincre les syndicats à s’engager significativement dans des processus de mobilisation large pour la grève du 8 mars.
8. Dans une entrevue pour axellemag.be, Aïda Yancy, une militante de votre collectif présente une défense d’un féminisme révolutionnaire qui met de l’avant une alliance entre les femmes*. Comment peut-on (re)mettre au centre des pratiques des mouvements sociaux une analyse intersectionnelle ? Comment articulez-vous les différentes luttes et leurs revendications ?
La forme du Collecti·e·f (notamment la décentralisation et l’horizontalité) permet d’articuler différentes luttes et revendications. Au final, nous sommes une alliance stratégique de femmes* de différents horizons et vivant des réalités diverses, afin de construire un mouvement de grève massif le 8 mars. Nous pensons que nous sommes vouées à nous auto-dissoudre, lorsque toutes les composantes du mouvement social se seront appropriées cet outil de lutte. Nous ne souhaitons absolument pas avoir le monopole de la grève, au contraire.
Par ailleurs, on essaie de mettre en avant l’idée qu’aucune revendication n’est prioritaire et que chaque groupe autonome peut s’approprier les revendications du Collecti·e·f pour les approfondir et les mettre en avant, appuyer sa solidarité envers d’autres luttes, etc. Par exemple, cette année, le groupe autonome bruxellois a organisé des permanences hebdomadaires où étaient invités des collectifs ou des militantes qui bossent sur des questions qui ne sont pas uniquement féministes, comme le mouvement de la Santé en Lutte, qui est fort d’actualité en ce moment, les militantes qui travaillent sur la question du logement, etc. Toutes les problématiques sociétales peuvent être abordées d’un angle féministe, et le fait de rencontrer et d’échanger avec les personnes actives dans ces luttes-là permet d’élargir le mouvement et de s’organiser de manière concrète à des moments stratégiques. On n’essaie clairement pas de récupérer ces luttes mais d’en faire le relai. On les visibilise avec nos moyens de communications, on participe à leurs manifestations et vice-versa, etc. En gros, on essaie d’être présentes sur le terrain et de ne pas se cantonner à organiser une grève sans lien avec les luttes en cours.
NOTES
* Femmes et minorités de genre. Le collect·i·ef s’organise en mixité choisie, sans hommes cisgenres.
1. Un des trois grands syndicats en Belgique (1,5 million d’affilié·e·s), avec la Confédération des Syndicats Chrétiens de Belgique (CSC) (1,6 million d’affilié·e·s) et la Centrale Générale des Syndicats Libéraux de Belgique (CGSLB) (290 000 affilié·e·s).↩